Hein ?! Où ?!


En guise de manifeste
Non !
Non ! J’adore ce mot. Simple, court, précis… Petit mais costaud. Comme le cassis… D’ailleurs, si vous êtes suffisamment vieux pour vous rappeler, je pense intimement que le cassis disait « non ! »… C’est parfois triste d’être suffisamment vieux pour se rappeler le cassis… On a mal partout, les enfants sont grands, plus on avance vers la retraite, plus elle recule… Consolez-vous, les vieux ! Et les jeunes aussi, qui le deviendront si vite...
Dites-vous que si vous êtes suffisamment vieux pour vous rappeler le cassis, vous l’êtes bien moins que moi, et il est toujours satisfaisant de lorgner la décrépitude des autres, comme le dit, mot pour mot, Lucrèce. Alors réjouissez-vous !
Je suis né en 1808 et mon père s’appelait Laurent Mourguet. C’était un homme bien, plein de ressources. Obligé, à l’époque… Canut suant sur le bistanclaque. Forain, vendant bibelots, foulards et colifichets sur les marchés, sur les foires… Arracheur de dents. Accompagné d'un baron, le père Tomas, violoniste et grande gueule qui fait le show pour attirer le chaland. À sa disparition, Laurent, pour le remplacer, sculpte une tête de bois, s’inspirant de Pulcinella, marionnette très en vogue à l’époque. Il la nomme Gnafron. C’est le début de l’aventure et du succès. Mourguet lâche les tenailles et façonne un comparse. Voilà Guignol.
Je suis né en 1808 et il n’y a que dix-neuf ans qu’on a pris la Bastille. Lyon a payé le prix fort durant la Terreur. Dans douze ans éclatera la première révolte des canuts. Napoléon Ier est empereur pour encore sept ans, Avec un petit coup de Louis XVIII à l'entracte. L’instabilité politique est la norme en France et, comme aujourd’hui, ceux qui ne sont rien sont ceux qui prennent... enfin !... ceux qui mangent... enfin!... je me comprends... Et de quoi pensez-vous que parlent Guignol et Gnafron, bientôt rejoints par Madelon ? De politique, bien sûr ! À ma naissance, déjà, tout est politique (oui, oui, même le sport…). Alors, nous colportons les nouvelles de la grande ville dans les villages et nous donnons notre avis. Et, comme l’avis de tous les sans-dents, il est plutôt critique. Voire frondeur. Polémique, satirique, destructeur, détracteur, démolisseur, sévère, soupçonneux, chicaneur, contradictoire, réprobateur, vitrioleur, démolisseur, herméneutique, dangereux, foudroyant, subjectif. Analytique, complexe, injuste, dramatique, élogieux, exégète, objecteur, inquisiteur, blâmeur. Et blâmable. Dérapant, décalé, déconnant, névralgique, acéré, caustique, mordant, satirique (deux fois !), piquant, médisant, incisif, railleur, aigre, caricatural, sarcastique…
Je suis né en 1808 et rien n’a changé fondamentalement. Sauf, peut-être, l’instruction et la culture des dirigeants qui vont s’appauvrissant. Sauf le confort, bien entendu, mais le confort n’est pas pour tous… Pour le confort, il faut l’argent… Sauf pour l’info, évidemment, les méthodes actuelles pour faire taire les contradicteurs ont évolué et sont devenues bien plus efficaces que le procédé de Charles X, par exemple… Mais le peuple est toujours asservi par les plus riches. Mais la nature, notre milieu, se fane et part en cacouillouhuète… Pollution, extermination, captation ! Mots d’ordre !
Je suis né en 1808 et je reste indigné parce que je pense foncièrement que le système s’arrêtera faute de combattants et que nous sommes la chair à canon. Ou la variable d’ajustement, selon l’usage. Et, à la fin, c’est le bourgeois qui ramasse la donne… C’est de ça que traiteront mes coups de gueule ! Macron, Wauquiez, Mélenchon, Borne, Ruffin, Bardella et tout ce petit monde qui se sert les coudes va trinquer à notre santé. Juste pour pouvoir se dire que c’est chacun son tour. D’ailleurs, il y en aura pour tout le monde. Viens dire “non !“ avec moi...

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